RECONNAISSANCE DES VICTIMES ET VIVRE-ENSEMBLE

Posted by on November 8, 2021 in Audiovisual, Blog | 0 comments

RECONNAISSANCE DES VICTIMES ET VIVRE-ENSEMBLE

Le 10ème anniversaire de la Conférence Internationale d’Aiete puis de l’annonce par l’ETA de la fin définitive de son activité armée a été l’occasion de faire le bilan des avancées effectuées, notamment en matière de désarmement puis de dissolution de l’ETA, de flexibilisation des politiques pénitentiaires française et espagnole et de construction progressive d’un vivre-ensemble, mais aussi du chemin qui reste à parcourir en ce qui concerne l’élaboration d’une mémoire partagée et la reconnaissance de toutes les victimes du conflit. Afin d’atténuer la douleur des victimes et de contribuer à l’apaisement de la société basque, tout en préservant les équilibres internes de la gauche indépendantiste basque, les leaders d’EH Bildu et de Sortu ont lu une déclaration solennelle à Aiete le 18 octobre dernier dans laquelle une attention particulière était portée aux victimes et, plus spécifiquement, aux victimes de l’ETA, dans un exercice d’empathie et de proximité vis-à-vis d’elles.
Dans leur allocution, Arnaldo Otegi et Arkaitz Rodriguez précisent qu’avancer « vers une paix juste et durable nécessite la reconnaissance et la réparation de toutes les victimes ». Ils souhaitent transmettre aux victimes de l’ETA leur peine et leur douleur pour la souffrance qu’elles ont endurée. Ils ressentent leur douleur et affirment que « cela n’aurait jamais dû se produire ». Et rajoutent « qu’il n’y a pas de retour en arrière possible » et que rien de ce qu’ils pourraient dire « ne pourrait effacer le tort causé », bien « qu’il est tout au moins possible de le soulager par le respect, la considération et la mémoire ». De tout cœur, ils souhaitent leur dire qu’ils sont « profondément désolés pour leur souffrance » et s’engagent « à essayer de l’atténuer dans la mesure de [leurs] possibilités ».
Cette déclaration est saluée par un large spectre politique et social, aussi bien au Pays Basque qu’au niveau international. Ainsi, l’ancien président socialiste de la Communauté Autonome Basque, Patxi López, souligne le fait, que, pour la première fois, la gauche nationaliste basque reconnaît publiquement que cela n’aurait jamais dû se produire et apprécie à sa juste mesure la reconnaissance de la souffrance causée et l’engagement à l’atténuer. Eneko Andueza, président du PSE en Gipuzkoa, considère, pour sa part, qu’il s’agit d’un « pas positif et significatif ». La ministre de l’Egalité appartenant à Podemos, Irene Montero, juge que cette déclaration est « un pas nécessaire pour la réparation et le vivre-ensemble ». Plus encore, de nombreuses victimes de l’organisation armée, dont María Jauregi, Maixabel Lasa et Rosa Lluch, l’accueillent favorablement.
De fait, cette déclaration, s’adressant à la société basque et où chaque mot est pesé avec soin, vise à atténuer la douleur des victimes, particulièrement celles provoquées par l’ETA, afin d’humaniser le conflit et souligne le fait qu’un vivre-ensemble pérenne et solide implique la reconnaissance de toutes les victimes. Elle abonde dans le sens d’un impératif qui fait l’objet d’un consensus croissant dans la société basque, à savoir que toute victime, qu’elle soit de l’ETA, des groupes paramilitaires ou des Etats espagnol et français, mérite vérité, justice et réparation. Elle s’inscrit dans la continuité des déclarations successives dans lesquelles une mention expresse est faite aux victimes du conflit, qu’il s’agisse du 3ème point de la Déclaration d’Aiete (2011), du 2ème point de la Déclaration de Bayonne (2014), d’un paragraphe de la Déclaration de Paris pour la paix au Pays Basque (2015), du 4ème point de la Déclaration lue à l’issue du désarmement de l’ETA (2017) ou d’un paragraphe significatif de la Déclaration d’Arnaga (2018).

Tribune Libre publiée dans Mediabask le 28 octobre 2021.

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